Analyse exclusive - Le WAC peut-il prolonger l’état de grâce ?
Un mois et demi après le Mondial Qatari 2022, le Maroc accueille à son tour une grande messe du football international : la Coupe du monde des clubs. L’occasion pour les marocains de prolonger l’état de grâce post Qatar… ou d’y mettre un point final.
Après les éditions 2013 et 2014, qui s’étaient déroulées à Marrakech, Agadir et Rabat, la compétition se tient cette fois au Grand stade de Tanger et dans le Complexe sportif Prince Moulay Abdellah de Rabat. Et elle opposera les champions continentaux des six fédérations mondiales : Al Hilal, Auckland City, Flamengo, Real Madrid, Seattle Sounders et Wydad. Avec les égyptiens d’Al Ahly en guise d’invité surprise.
Rendez-vous en finale ?
Comme en Coupe du monde, où la victoire finale semble être l’apanage d’un petit groupe de pays, le trophée Mondialito se partage peu. Dans les faits seuls deux clubs africains ont réussi à atteindre la finale avant de s’incliner contre deux clubs européen et sud-américain de renom: le Raja (2013) et le TP Mazembe (2010). Et pour marcher sur leurs traces, le WAC devra réaliser une performance de haute volée. Dernier club marocain à avoir pris part à la Coupe du monde des clubs, en 2017 ce dernier s'y était incliné à deux reprises : face aux mexicains de Pachuca (0-1) en quarts de finale, puis contre les Japonais de Urawa Red Diamonds (2-3) lors du match pour la sixième place.
Cette fois les Rouges et Blancs ont une chance de faire mieux… et de rattraper le Raja au palmarès ! Ils tenteront de mettre à profit leur expérience voire même le capital-confiance national accumulé lors de l’exploit historique des Lions de l'Atlas au Qatar. Car si vous diro nya, pourquoi ne pas rêver à décrocher le Graal ? Pour les coéquipiers de Yahya Jabrane, le premier défi sera de vaincre les champions asiatiques, les saoudiens d’Al Hilal. En cas de victoire, le WAC affrontera ensuite les brésiliens de Flamengo en demi-finale de la compétition. Et si et seulement si bons résultats et étoiles s’alignent de concert, alors peut-être que les Casaoui retrouveront l’ogre madrilène en finale ; à condition que le Real, en quête d’un cinquième sacre, atteigne aussi ce stade. Une finale encore très hypothétique mais qui en fait déjà rêver plus d’un.
Les supporters ne se contentent plus de participer
Car il n’y a pas si longtemps, les fanatiques du football marocain se réjouissaient benoitement du moindre résultat estampillé Maghreb : une belle performance en Coupe d’arabe ou une qualification à la CAN étaient immédiatement classées dans la catégorie exploit. Seulement depuis l’épopée qatari de coach Regragui et sa bande, les fans savent qu’ils sont en droit de placer leur espoir bien plus haut ! Dix ans plus tard, le Wydad 2023 sera-t-il le remake du Raja 2013 ?
Youns, jeune supporter du WAC (26ans), reste lucide : « Les saoudiens peuvent compter sur une ribambelle de joueurs étrangers, que ce soit leur buteur Ighalo passé par Manchester United, ou encore Carillo, Marega, Gustavo, Luciano et le mur défensif sud-coréen, Jang Hyun. Des noms bien plus clinquants que les Sambou Jr, Arsène Zola et compagnie. A première vue, Al Hilal est largement favori pour se qualifier». Mais comme on a pu le voir au Qatar, l’impact du 12ème homme est loin d’être négligeable ajoute le jeune homme : « Malheureusement pour les saoudiens ils devront faire face à un Wydad armé de ses supporters… nombreuses sont les équipes qui pensaient avoir la tâche facile et se sont retrouvées incapables d’enchaîner 3 passes au cœur de la fournaise rouge ». Et de conclure que si les Ultras WINNERS devront quitter leur antre pour cette rencontre, ils viendront « avec une énorme envie et la ferme intention de tout donner pour une place en demi contre les brésiliens ».
Le WAC est-il prêt ?
Arrivé à quelques semaines du Mondialito pour remplacer Houcine Ammouta, le tunisien Mahdi Nafti a redressé la barre et imposer sa touche en quelques semaines. Le bonhomme a su impacter le mental des joueurs et dicter un nouveau style de jeu : Ayman Hassouni est plus libre que jamais à la création, et le coach a donné du temps de jeu à plusieurs jeunes à fort potentiel au milieu de terrain et sur les ailes, tels Ismail Moutaraji, Saifeddine Bouhra ou encore Hicham Boussefiane. Des joueurs appelés à constituer l’ossature de l’équipe dans les prochaines années.
Alors que le Wydad avait commencé la saison en s’inclinant en Supercoupe d'Afrique, face à la Renaissance Sportive de Berkane (0-2), il a su retrouver des couleurs en Botola Pro, et après 16 journées le WAC est deuxième du championnat à deux points du leader. L'arrivée de coach Nafti a permis à l’effectif de retrouver un semblant d’équilibre, et le technicien devrait pouvoir compter sur la majorité de son groupe, à l'exception de Zouhair El Moutaraji et Sambo Bouly Junior, blessés. L’occasion de briller pour les nouvelles recrues hivernales, à savoir l’attaquant camerounais Didier Lakame Zé et les deux défenseurs centraux Sami El Anabi et Yahya Nadrani.
Le WAC est très attendu au tournant, autant par ses cohortes de supporters habituels que par tout un pays qui vient tout juste de prendre goût à la victoire. Charge aux casaouis d’assumer le nouveau statut du football marocain - leader continental - suite au Mondial historique des Lions. Dans ce contexte, une élimination précoce viendrait acter le déséquilibre entre le Mountakhab et l’univers moins clinquant de la Pro D1 nationale.
Le Maroc se drapera-t-il de rouge et de blanc ?