Analyse exclusive – Comment le Mountakhab peut-il se hisser au sommet ? - Elbotola

Analyse exclusive – Comment le Mountakhab peut-il se hisser au sommet ?

I.K et D.L.D
05 janvier 2023à 15:17

Après avoir explosé son plafond de verre - qui tenait depuis 36 ans - le Maroc vient d’intégrer le petit cercle des 25 nations ayant atteint les demi-finales d’une Coupe du Monde. La marche suivante, pour s’ajouter aux 13 pays ayant disputé une finale, sera probablement plus difficile encore à franchir. Quelles raisons d’espérer ?

Record national ! C’était la 6ème participation du Royaume en , et jusque-là le réussissait rarement à dépasser les phases de poules (éditions 1970, 1994, 1998 et 2018). En fait, la seule exception était le Mondial 1986, où les Lions de l’Atlas avaient créé la sensation en atteignant les huitièmes de finale : les coéquipiers de Badou Zaki avaient survolé leur groupe, terminant premier devant l’Angleterre, la Pologne et le Portugal. Mais en 2022, après avoir éliminé la Belgique, l’Espagne et le Portugal, le Maroc s’est hissé en demi-finale. Se faisant, le Mountakhab a dépassé ses propres limites mais également celles du football africain dans son ensemble. Car jusque-là, les quarts de finale n’avaient été atteint qu’à trois reprises par des pays de la CAF : le Cameroun (1990), le (2002) et le Ghana (2010). Nouveau record continental !

Comment répéter un exploit ?

Walid semble vouloir banaliser l’exploit. Un objectif loin d’être évident pour le sélectionneur, comme le montre l’histoire récente en Coupe du Monde : en 2002 la Turquie s’était classée 3ème de la compétition, mais elle n’a participé à aucun autre Mondial depuis. Autre exemple, la Corée du Sud avait aussi réalisé un excellent parcours en 2002, se hissant en demi-finale après avoir éliminé l’Italie et l’. Par la suite, les Coréens n’ont pas su sortir des phases de poules en 2006. Depuis ils ont manqué trois Mondiales (2006, 2014 et 2018), et lorsqu’ils se sont qualifiés, ils ont au mieux atteint les huitièmes de finale (2010, 2022).

Alors pourquoi la Turquie et la Corée du Sud n’ont-elles pas réussi à reproduire ces performances ? Cela pourrait s’expliquer par un manque de stabilité, puisque les deux nations avaient changé de sélectionneurs entre 2002 et 2006. Autre argument, les deux effectifs arrivaient en fin de cycle lorsqu’ils ont atteint les quarts, avec des joueurs cadres relativement âgés, à l’instar de Korkmaz , le fabuleux défenseur central turc (33 ans en 2002). Comme Kim Tae-Young (32 ans en 2002), l’un des joueurs les plus capés des Guerriers Taeguk, qui avait annoncé sa retraite international avant la Coupe du Monde en 2006.

Le Maroc, l’exception qui confirme la règle ?

S’inscrire dans le temps long est un chemin semé d’embuches, toutefois le Maroc a des raisons d’y croire. Tout d’abord, la jeune académie Mohammed VI est déjà en train de porter ses fruits : Nayef (26 ans), Youssef En-Nessyri (25 ans) et Azzedine (22 ans) occupent les premiers rôles au sein du groupe sélectionné par Regragui. Trois joueurs à qui on promet un avenir radieux, ce qui devrait apporter de la stabilité au Mountakhab, en espérant que ces trois-là seront rejoints par d’autres pépites formées dans le Royaume.

Autre source d’espoir, avec la formidable épopée de 2022, le Maroc a prouvé qu’il pouvait rivaliser avec les plus grandes nations du ballon rond. Si bien que les binationaux qui auraient peut-être pencher davantage vers les nations européennes au moment de choisir leur sélection, y réfléchiront à deux fois. Car désormais, ils savent que les Lions peuvent espérer gagner un titre. Ainsi le père d’Ilyes Housni, jeune pépite du PSG, a récemment déclaré que son fils serait honoré de porter un jour le maillot rouge et vert. De plus les désillusions d’Houssem ou de Wissam Ben Yedder pourraient faire jurisprudence ; après avoir choisi les Bleus, ces deux joueurs d’origine maghrébine n’ont pas eu la carrière internationale qu’ils espéraient, et n’ont participé à aucune Coupe du Monde. Mais jouer pour les Lions ne sera pas forcément plus simple, et Regragui l’a clairement annoncé : « Il va falloir prouver avoir le niveau pour jouer avec la 4ème meilleure nation du monde » !

Enfin coach Regragui semble avoir trouvé la recette pour fédérer un groupe aux origines et langues multiples, et tous les joueurs se sentent concernés. Il implique tout le monde, ainsi l’intégralité de l’effectif sélectionné pour le Qatar a participé à au moins un match, à l’exception du troisième gardien . L’ancien entraineur du a su trouver l’équilibre entre les anciens et la nouvelle génération, et son groupe est cohérent. Il a apporté sa culture de la gagne : le Maroc n’est plus défaitiste et tout est possible.

Dirou niya

Tels ont été les mots de Regragui depuis qu’il a pris les rênes de la tanière. Lorsque le travail est bien fait, reste à ajouter une dose d’optimisme, et tout le monde a pu constater que les intentions des joueurs et du peuple marocain étaient en phase. Le Roi a fait du football un pilier de sa diplomatie et le Maroc - comme le Qatar - a très bien compris que le sport est un moyen efficace de bâtir une image de marque à l’étranger, et de donner de l’espoir sur la scène nationale.

Beaucoup de moyens ont été investi sur la rénovation et la construction d’infrastructures sportives. « Cela fait partie de la dynamique engagée par le roi Mohamed VI à travers ses différentes tournées africaines. Le Maroc développe plusieurs secteurs d’activités pour étendre son influence et le sport en fait partie » certifie Moncef Lekhyat, ancien ministre de la jeunesse et des sports. Sur le terrain, les résultats sont déjà là : en 2022 la Ligue des Champions africaine a été remportée par le Wydad Casablanca, et la Coupe de la Confédération soulevée par la RS . Reste à gagner la prochaine CAN, qui se déroulera en Côte d’Ivoire en 2024, pour s’installer sur le toit de l’Afrique et continuer de rêver au toit du Monde.

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