
Entretien exclusif avec Mohammed Ouarga, manager général du Sporting Club Chabab Mohammedia
Après une longue absence, le Sporting Club Chabab Mohammedia est de retour.
Le club évolue dans la première division marocaine depuis 2020-2021, et a consolidé sa présence parmi les 16 équipes de la D1 pour la troisième saison consécutive.
Cependant, le club a effectué beaucoup de changements sur le volet sportif durant cet été. Ils ont changé le staff technique, et ont reconstruit l’ossature de l’équipe première.
Pour cela, on a invité le manager general du club, Monsieur Mohammed Ouarga, qui a gracieusement accepté de réaliser cette interview exclusif, afin de parler de tout ce qui est sportif au sein du club.
Bonjour Monsieur, dans un premier temps, pouvez-vous vous présenter?
Bonjour, je suis Mohammed Ouarga, surnommé Hamidou, je suis un cadre national, diplômé de L'Institut Royal de Formation des Cadres en 1992.
J'ai travaillé dans l'encadrement des catégories juniors du Chabab, avant de rejoindre l'équipe première en 1996.
J'ai également travaillé à l’étranger, précisément aux Emirates et au Qatar, puis je suis revenu pour rejoindre la Direction Technique Nationale, où j'ai assumé le poste de responsable du Centre de Formation des joueurs de moins de 17 ans au sein de la Fédération Royale Marocaine de Football.
Après j’ai occupé le poste d’entraineur adjoint de l'équipe nationale des joueurs locaux, avec monsieur Mustafa El Haddaoui, puis entraîneur adjoint de feu Pim Verbeek dans l'équipe nationale olympique en 2012, et maintenant je suis de retour dans mon équipe mère, Chabab Mohammedia, où j’occupe le poste de Manager général.

Maintenant vous êtes Manager général du club, quelles sont vos missions et quelles sont les fonctions de votre équipe de travail.
En ce qui concerne ce poste, je suis chargé de la mise en place de la structure sportive du club, en nommant la direction technique, (un directeur technique et un directeur sportif ), le staff technique de l'équipe première, en plus des encadrants des autres catégories.
Dans ce contexte, on prend deux facteurs en considération, qui sont l’appartenance et la compétence.
Le directeur technique est monsieur Tariq Chihab, le staff de l’équipe première se compose de Rachid Roky comme entraineur, Aziz Ait Abi, Mohamed Karawan, Said Ammar et l'entraîneur des gardiens, Tariq Al-Jarmouni.
Le point en commun entre tous ces encadreurs, est que tous ont une grande compétence, hautement formés et qualifiés, et ce sont tous originaires de Mohammedia.

Vous avez organisé une réunion avec les joueurs au début du mois d'août afin d'esquisser le système de football au sein du club. Quelles sont les conclusions de cette réunion ?
Nous avons tenu une réunion avec les joueurs avant le début de la saison afin de présenter le nouveau staff technique et la nouvelle stratégie du club. D’autre part, on a pris en compte la situation des joueurs, certains voulaient rester et certains ont décidé de partir, alors on a dit aux joueurs qu'on allait étudier tous leurs cas afin d'évaluer leur situation et de déterminer la liste finale,
Nous avons également insisté sur la compétitivité pour gagner une place dans le groupe. Enfin, nous avons précisé les contours du projet sportif et leur avons demandé de s'y engager, et il y a eu une réponse positive de leur part.

Pouvez-vous nous parler de la stratégie de formation au sein du Chabab Mohammedia ?
Tout d'abord, je vous remercie pour cette question, car le projet de formation a été lancé par le président Hicham Aït Menna à un moment où l'équipe était en division amateur, et j'ai été appelé à ce moment-là afin d'élaborer un plan sur quatre années, au cours desquelles nous attirons d'abord de bons joueurs pour porter le maillot du club dans ses différentes catégories, afin de pouvoir raviver l'amour de l'équipe et de lui appartenir parmi les masses de la ville de Mohammedia, puis nous lançons la formation de base.
Nous nous sommes concentrés sur l’appartenance principalement parce que pendant 11 ans l'équipe s'est perdue parmi les divisions inférieures, à cette époque le club n'avait pas de ressources financières pour élaborer la politique de formation, mais avec l'arrivée de Hicham Aït Menna, la situation a changé, car l'homme a fourni un grand soutien à tous les niveaux afin de faire progresser la politique de formation au sein du club.
Je reviens sur le terme d’appartenance, car le club a perdu une grande partie de ses supporters durant son absence. Aujourd’hui, une grande partie des jeunes de la ville supportent le Raja, le Wydad, les FAR, certains d'entre eux ne se souviennent pas des exploits du Chabab. Par conséquent, l'objectif principal de Hicham Aït Menna était de raviver cette affiliation chez ses joueurs et cadres.
Après quatre ans de travail, l'équipe U-15 a réussi à atteindre la finale du championnat national contre les FAR, et aujourd'hui l'équipe nationale U-17 compte avec 3 joueurs du Chabab, et l'équipe d’espoir est constamment en compétition pour les premières places.
Actuellement, nous avons 3 joueurs dans l'équipe d'espoir qui sont un pur produit du club. Il peut vous sembler que le nombre n’est pas suffisent, mais la formation demande de la patience et du temps afin de récolter les fruits, et en quatre ans, nous avons commencé à voir des résultats.
Nous sommes maintenant à un rendez-vous avec une deuxième génération du Chabab, à travers laquelle la politique globale du club va changer, car nous nous concentrerons sur la priorité accordée aux habitants de la ville afin qu'ils forment la colonne vertébrale du club.
Le joueur a-t-il besoin d'un certain niveau d’enseignement pour comprendre les systèmes tactiques qu'il reçoit de l'entraîneur ? Votre politique de formation tient-elle compte de cet aspect ?
Certes, parce qu'on parle aujourd'hui d'une relation étroite entre les enjeux mentaux et techniques, le football se joue d'abord dans le cerveau, avant de la mise en œuvre par les pieds.
Je reviendrai ici pour parler du projet de formation qu'a porté Hicham Aït Menna, qui est un projet de « Sport et Etudes », où il insistait sur l’enseignement des joueurs afin qu'ils puissent concilier entre le sport et les études.
Dans le même contexte, je crois que l'intelligence est nécessaire pour le joueur, et c'est la responsabilité du premier éducateur qui encadre le joueur dans les catégories.
Pour être franc avec vous, le joueur marocain manque encore de certaines compétences tactiques, et ce point est particulièrement remarqué par l'entraîneur étranger qui vient travailler au Maroc. Il dit avoir du mal à enseigner aux joueurs les fonctions tactiques.
De sa part, le président de la Fédération Royale Marocaine de Football, Faouzi Lekjaa, a remarqué ce point et a accordé une grande attention à la formation des entraîneurs et des encadrants en priorité.
Ensuite, il y a le facteur logistique. Lorsque l'encadreur termine sa formation, il doit appliquer ces notions sur le terrain. Dans le passé, nous souffrions d'infrastructures médiocres, car un stade pouvait accueillir quatre ou cinq groupes de joueurs en même temps, ce qui rendait une bonne formation presque impossible. Par conséquent, la FRMF a fait de grands progrès dans la réhabilitation de l'infrastructure des clubs, afin que les encadreurs puissent mettre leurs idées sur le terrain et travailler confortablement avec les jeunes générations.
On a tous suivi le départ de plusieurs joueurs dans le mercato estival, et la plupart ont été titulaires lors de la saison dernière (Hervey, Boulacsoute, Moutaraji, Baouch, Motii, Zola) en plus des départs de Boutouil et Mourabit.
Pourquoi avez-vous décidé de changer si rapidement l'ossature de l'équipe première, et à quoi aspirez-vous la saison prochaine, notamment avec la nomination de Rachid Roky comme entraîneur de l'équipe première ?
Quant au changement que nous avons fait au cours du mercato estival, il nous a été imposé pour deux raisons : Premièrement, parce que le projet initial du club mené par Hicham Aït Menna, était basé sur le recrutement des meilleurs jeunes joueurs de tous les clubs à l'époque, afin de renforcer temporairement l'équipe en attendant que le successeur sorte de l'école du club, c'est pour cette raison qu'il s'agit d'un investissement à moyen terme.
D'une part, nous savons tous que la situation actuelle est témoin d'une crise financière étouffante pour la plupart des clubs, nous recherchons donc d'autres sources de revenus loin d'alourdir le président, qui a sacrifié pendant cinq ans et a dirigé le club de son propre argent.
D’autre part, certains joueurs ont demandé de quitter le Chabab et vivre d’autres expériences avec d’autres clubs, donc, nous avons accepté les offres qui leur étaient présentées, et en retour, nous avons décidé d'investir la valeur financière de certains transferts en recrutant certains joueurs pour assurer la continuité en attendant les successeurs.
En ce qui concerne les objectifs fixés, nous considérons le maintien en première division nationale comme un objectif fondamental et indispensable, et nous voyons également que d'autres objectifs peuvent être déterminés au fil des matchs, puis nous verrons si nous pouvons concourir pour l'un des rangs avancés.

Concernant les nouvelles recrues. Comment choisissez-vous les nouveaux joueurs, est-ce le coach qui propose les noms ou avez-vous une cellule technique au sein du club ? Quels sont les critères de sélection d'un joueur ?
Premièrement, nous avons une cellule technique composée de Tariq Chihab en tant que directeur technique, Rashid Roky en tant qu'entraîneur de l'équipe première, Mohamed Ouarga en tant que manager général et Tariq Al-Jarmouni en tant qu'entraîneur des gardiens.
On étudie les postes dont on a besoin de recruter avec l'entraîneur de l'équipe, et après les avoir déterminés, on détermine une liste à la lumière de laquelle on relie les contacts avec les joueurs et les clubs auxquels ils appartiennent, et à la fin on laisse l'approbation finale à l'entraîneur, car au final il est le responsable de l’équipe première. Puis le rôle revient au comité directeur pour finaliser les aspects financiers et administratifs.
Un mot ouvert aux supporters du Chabab
Je dis aux supporters que l'équipe a grand besoin d'eux, car on ne peut pas avancer sans leur soutien, les supporters sont la première motivation de toutes les composantes de l'équipe. Nous sommes bien conscients que le public a soif de titres et de succès, et c'est son droit, mais nous leur demandons un soutien et une intense présence au stade Al-Bashir, et nous les assurons que nous mettons tout en œuvre pour que le Chabab revient au premier plan.