
Analyse exclusive - L’Arabie Saoudite, le rebond des stars
Dans une ère où l'argent occupe une place prépondérante dans le monde du football, certains pays ont bien saisi ce détail, notamment l'Arabie Saoudite, qui dépense sans compter pour plusieurs raisons et recrute un maximum de stars du ballon rond. Au départ, les Saoudiens ciblaient principalement des joueurs en fin de carrière, mais grâce à leur poids financier et à d'autres facteurs dont ils disposent, ils parviennent désormais à chiper quelques jeunes joueurs qui étaient courtisés par de grands clubs européens. L'Arabie Saoudite ne cesse de nous surprendre en ce mercato estival avec l'arrivée de plusieurs stars tels que : Karim Benzema, Ngolo kanté, Firmino ou encore Edouard Mendy.
CR7, un précurseur du mouvement
L'Arabie Saoudite comptait déjà quelques joueurs de renommée mondiale tels que les Brésiliens Talisca et Luiz Gustavo, ainsi que l'ancien défenseur de l'Olympique de Marseille, Alvaro. Cependant, en décembre dernier, lors du mercato hivernal, le championnat saoudien est passé à un autre niveau avec la signature de l'un des deux plus grands joueurs de l'histoire du football, à savoir, Cristiano Ronaldo avec Al-Nassr. Le Portugais a mis en lumière à la fois le championnat et tout le pays en signant un contrat d'une ampleur jamais vue auparavant, avec un salaire de 400 millions d'euros sur deux ans. Avant l'arrivée de CR7, les Saoudiens tentaient de recruter quelques joueurs évoluant en Europe, mais ceux-ci refusaient en raison des conséquences que cela pouvait avoir sur leur image auprès du public. L'arrivée du quintuple Ballon d'Or a facilité la signature d'autres grandes figures du football, qui se disent peut-être : "si Ronaldo l'a fait sans être critiqué, alors je peux le faire aussi".
Édouard Mendy, Koulibaly, Firmino, Brozovic, Kanté, et surtout le Ballon d'Or 2022 Karim Benzema, tous ont pris l'avion en direction du Golfe. Cependant, les noms cités ont tous autour de la trentaine, ce qui suggère que leur fin de carrière approche. Afin de perdurer dans le temps, les clubs saoudiens se doivent de recruter de jeunes joueurs évoluant en Europe, ce qui constitue la tâche la plus complexe étant donné que la majorité des jeunes talents préfèrent évoluer dans des clubs historiques tels que le FC Barcelone, le Real Madrid ou encore Manchester United. C'est là que l'influence du meilleur buteur de l'histoire entre en jeu, influençant énormément de joueurs, notamment des talents portugais qui suivent les traces de leur idole. Ruben Neves -26 ans- et Jota -24 ans-, deux Portugais qui se sont engagés avec des clubs saoudiens, en sont la preuve. Cela démontre l'évolution du championnat saoudien, qui aspire à rivaliser avec les championnats européens et à ne plus être considéré uniquement comme une destination pour les stars en fin de carrière.
Les Marocains courtisés
Après la performance historique réalisée par le Maroc lors du Mondial Qatari 2022, les joueurs marocains ont réussi à se placer sous les projecteurs de la scène mondiale et à démontrer l'étendue de leur palette technique et athlétique devant des centaines de millions de personnes à travers le monde. Parmi ces observateurs, il y a certainement des dirigeants de clubs saoudiens qui n'ont pas manqué l'opportunité de se positionner sur chaque Lion de l'Atlas disponible sur le marché. Sofyan Amrabat, qui était annoncé du côté des plus grands noms d'Europe tels que le FC Barcelone, l'Atletico Madrid ou encore Manchester United, a attiré l'attention du club saoudien d'Al Ahli, qui tentera sa chance jusqu'au bout. Le capitaine de la sélection marocaine, Romain Saïss, figure également sur la liste du nouveau club de Karim Benzema, Al-Ittihad, alors qu'il était proche de s'engager avec l'Olympique de Marseille en France. Toutefois, le dossier le plus chaud concerne Hakim Ziyech, qui devrait quitter Chelsea pour s'engager avec Al-Nassr. Le transfert est ralenti en raison de quelques complications contractuelles, contrairement à ce que certains médias saoudiens et français ont rapporté concernant un échec lors de la visite médicale.
Les Botolistes dans le viseur saoudien ?
Le championnat saoudien a déjà accueilli des marocains tels que Manuel Da Costa, le légendaire Mbark Boussoufa ou encore Nordin Amrabat, et certains ont su laisser leur empreinte et marquer les esprits. À l'instar de l'attaquant d'Al-Ittihad et ancien joueur de l'Olympique de Safi, Abderrazak Hamdallah, arrivé en 2018 à Al-Nassr en provenance du club qatari Al-Rayyan SC. Il s'est rapidement adapté et a brillé en inscrivant 115 buts en 108 matchs. Il a été élu Meilleur Joueur du championnat d'Arabie saoudite lors de la saison 2018/19, avant de rejoindre le rival Al-Ittihad, où il a inscrit 38 buts en 46 matchs. Le goleador a terminé meilleur buteur du championnat la saison dernière avec 21 réalisations, devançant ainsi Talisca et Cristiano Ronaldo. Cet exemple démontre que les joueurs évoluant et formés en Botola Pro peuvent jouer au plus haut niveau du championnat saoudien et côtoyer les plus grands noms du football mondial. L'arrière gauche du Wydad de Casablanca, Yahia Attiyat Allah, serait d'ailleurs sur le radar de certains clubs saoudiens, dont le nom n'a pas encore été révélé.
Pourquoi les Saoudiens dépensent-ils autant d'argent ?
Considérée comme un véritable Eldorado pour les stars du ballon rond, l'Arabie Saoudite dépense sans compter, mais de manière réfléchie, en misant sur le football pour atteindre plusieurs objectifs. Tout d'abord, il y avait l'objectif d'organiser la Coupe du Monde 2030 en collaboration avec l'Égypte et la Grèce, en s'appuyant sur des ambassadeurs tels que Cristiano Ronaldo et Karim Benzema. Cependant, les Saoudiens ont décidé de se retirer de la candidature en juin dernier, compte tenu de la solidité d'autres dossiers, notamment celui impliquant le Maroc, l'Espagne et le Portugal. De plus, il est presque impossible d'accorder l'organisation de la Coupe du Monde à un pays du Golfe alors que le Qatar vient d'organiser l'édition 2022. Le deuxième objectif, toujours en cours de réalisation, est de s'ouvrir au tourisme. Comparé à ses concurrents tels que le Qatar, l'Arabie Saoudite était jusqu'à présent fermée à l'activité touristique et se contentait des revenus générés par La Mecque. Cependant, en voyant la publicité mondiale et les gains réalisés par le Qatar grâce à l'organisation de la Coupe du Monde 2022, l'Arabie Saoudite refuse de se faire distancer par les autres pays du Golfe et mise gros sur le tourisme. Un exemple de cette stratégie est la signature de Lionel Messi en tant qu'ambassadeur du tourisme dans le pays, ce qui le conduit à se rendre plusieurs fois par an en Arabie Saoudite, conformément aux obligations contractuelles. Le troisième objectif consiste à promouvoir le projet "The Line", une ville futuriste s'étendant sur 170 km, entièrement alimentée par des énergies renouvelables, où les habitants n'auront plus besoin de prendre la voiture car tout sera à proximité. Quoi de mieux que d'investir dans le football pour promouvoir ces projets d'envergure mondiale ?
Alors, s'agit-il d'un bon investissement ou d'une simple illusion ?