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Analyse exclusive - Inédit : 6 fédérations continentales en 8èmes !

Analyse exclusive - Inédit : 6 fédérations continentales en 8èmes !

Karim Sefiani
08 décembre 2022à 18:00

Et c’est tout sauf du hasard !

Nous venons d’assister à quelque chose d’inédit : c’est la première fois dans l’histoire de cette compétition que tous les continents sont représentés en huitièmes de finale. Avec le , l’Australie, le , les Etats-Unis, la Croatie ou encore le Brésil… aucune des confédérations qu’englobent la FIFA ne manque à l’appel.

Est-ce le fruit du hasard ? Ou du calendrier, puisque cette est aussi la première à se jouer en plein hiver ? Ou serait-ce le résultat d’un travail de fond réalisé au sein des différentes fédérations, pour se hisser au niveau de l’UEFA et du CONMEBOL ? Décryptage.

Comparaison n’est pas raison

Avant tout, il faut rappeler le nombre de places attribuées à chaque fédération par la FIFA. Car évidemment, il est plus facile d’accéder au second tour de la compétition avec quatre représentants par fédérations qu’en n’en ayant qu’un seul.

En 1932, à son origine, la Coupe du Monde se jouait à 16 équipes - sans l’Océanie - avec une seule place attribuée soit à l’Afrique, soit à l’Asie. L’Egypte avait par exemple participé à l’édition de 1934 organisée en Italie, et l’inde, dont la dénomination exacte était ‘’les Indes orientales néerlandaises’’ à l’époque, avait participé à l’édition de 1938 en France.

Cela restera ainsi pendant cinquante ans, jusqu’en 1982, quand la FIFA décide d’organiser le Mondial à 24 nations, avec respectivement deux places pour les fédérations d’Afrique et d’Amérique du Nord, et une place chacune pour les fédérations d’Océanie et d’Asie. Nouvelle évolution en 2002, l’Afrique reçoit 3 places supplémentaires (5 au total), l’Asie trois (4 au total), et l’Amérique du Nord voit son nombre de participants monter à 3.

C’est donc seulement à l’orée du 21ème siècle que la comparaison entre les fédérations continentales devient possible. Toutefois il n’y a pas que le nombre de places qui a évolué ; le niveau des sélections nationales et des joueurs qui les composent a radicalement changé.

Arrêt Bosman et professionnalisation

En 1995, l’ crée un séisme dans le paysage footballistique international : désormais les clubs de toutes les fédérations européennes ont le droit de recruter autant de joueurs étrangers qu’ils le souhaitent.

Avec le temps, et l’intégration dans les grands championnats européens d’un nombre croissant de joueurs venus de pays lointains, ce qui nous a permis notamment d’assister à un Youssef Safri par exemple conquérir le championnat anglais à partir de 2001, un George Weah écrasé le championnat italien à partir de 1995, et un certain , japonais, s’illustrer en Europe lors de la même période.

Des nations jusque-là peu en vue lors des compétitions internationales vont s’affirmer. Et de là on assiste à des épopées magiques en Coupe du Monde : Corée du Sud et Turquie demi-finalistes de l’édition 2002 avec un quart de finaliste, Etats-Unis (quart de finale) en 2002, Ghana en 2010 (quart de finale), Le Costa Rica en 2014 (quart de finale) et enfin le Maroc lors de cette édition (quart de finale pour l’instant).

En 2022, vingt-sept ans après l’arrêt Bosman, la représentation de joueurs non européens évoluant dans les 5 grands championnats atteint un point d’orgue, en Ligue 1 par exemple, lors de la CAN 2022, 56 joueurs ont dû faire défaut à leurs clubs pour y participer avec leurs sélections, et on parle là que des joueurs sélectionnables, ce qui démontre le grand nombre de joueurs extra européens qui évoluent en France. On peut d’ailleurs constater le bon en avant du nombre de joueurs africains présents dans le championnat français, après l’arrêt Bosman, avec ce graphique réalisé par RTL.

Et que ce soit pour le Maroc, le Japon ou les Etats-Unis, qui ont atteints les huitièmes cette année, la majorité des joueurs titulaires évoluent dans les meilleures ligues, à l’exception de l’Australie, composée d’un effectif avec seulement 6 joueurs évoluant au plus haut niveau, donc en Europe.

Autre conséquence indirect de Bosman, avec l’évolution du niveau des joueurs sont venues de nouvelles attentes vis-à-vis de leurs fédérations, et celles-ci - certaines du moins - ont suivi le mouvement en développant la détection des jeunes (Le Qatar a par exemple piloté, à travers son ‘’Football Dreams’’ la plus vaste programme de scouting au Monde entre 2007 et 2016 en observant plus de 5 millions de joueurs) et en investissant dans les infrastructures nécessaires (Le Maroc s’est lancé dès 2010 dans la constructions de plusieurs stades a plus de 30.000 places : Marrakech, Tanger, Agadir) pour se donner les chances d’être compétitifs à l’échelle internationale.

Des fédérations au four et au moulin.

A ce titre, la qualification récente du Maroc pour les quarts de finale illustre les résultats obtenus par une fédération qui n’a reculé devant aucun investissement pour se donner les moyens de ses ambitions.

La FRMF a entrepris un travail de fond, un grand chantier pour changer la face du football marocain de fond en comble : l’amateurisme a laissé place aux décisions réfléchis (Nomination d’un sélectionneur marocain, augmentation des budgets alloués), les pelouses synthétiques ont fleuri de partout, le championnat marocain Botola Pro est devenu professionnel en 2008, et un an plus tard, naissait l’Académie Mohammed VI de football. Depuis, cette dernière est devenue une référence continentale, au point d’attirer des sélections africaines pour des stages, Fouzi Lekjaâ avait d’ailleurs déclaré : "Nous avons permis, nous permettons et nous permettrons aux équipes nationales africaines de venir au complexe, au moment qu'elles le souhaitent, pour passer des stages et profiter de l'offre de performance et des évolutions technologiques".

La performance historique des hommes du sélectionneur Walid Regragui vient confirmer que le travail - et l’argent - ça paye ! Car quatre des joueurs qui constituent le noyau dur du groupe victorieux lors de cette Coupe du Monde ont été formés dans cette même Académie (Ounahi, En-Nesiry, Aguerd et Tagnaouti). Et quatre autres joueurs de la sélection ont fait leurs armes en Botola Pro (Bono, Banoun, Attiyat Allah, Jebrane). Cette armada made in Morocco, couplée à des joueurs issus de la diaspora et formés en Europe, avec la touche Regragui en guise de cerise sur le gâteau, ont été les ingrédients du succès marocain.

En 2002, les résultats sont là. Surtout si l’on arrête l’analyse au stade des huitièmes de finale. Qu’en sera-t-il en quarts ? Restera-t-il un pays non européen, voire non sud-américain, en demi-finales ? Et à quand une Coupe du Monde remportée par un autre continent ?

Comme on dit chez nous : La zerba 3la sla7.

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