Tennis: Tsonga, comme un goût d'inachevé... - Elbotola

Tennis: Tsonga, comme un goût d'inachevé...

El Botola (avec AFP)
06 avril 2022à 23:00

Longtemps considéré comme l'héritier de Yannick Noah, Jo-Wilfried Tsonga va ranger définitivement ses raquettes après Roland-Garros, à 37 ans, à l'issue d'une carrière faite de nombreux coups d'éclats et de blessures à répétition.

"Je joue, bien ou pas, je râle, je crie, je hurle de joie. Mon tennis, c’est la vie", résumait Tsonga il y a quelques années, lucide sur sa carrière faite de hauts et de bas.

Fort de 18 titres, dont deux Masters 1000, le Manceau est le deuxième Français le plus sacré derrière Yannick Noah dans l'ère professionnelle. Il a souvent tutoyé les étoiles en Grand Chelem, mais sans réussir à devenir le premier Français à remporter un titre majeur depuis le sacre de Noah à Roland-Garros en 1983.

La joie de Jo-Wilfried Tsonga, après avoir remporté le Masters 1000 de Paris, en battant en finale l'Argentin David Nalbandian, 6-3, 4-6, 6-4, le 2 novembre 2008.

Pour Tsonga, tout a commencé à Melbourne. En janvier 2008, ce jeune inconnu de 22 ans a tout renversé sur son passage pour atteindre la finale de l'Open d'Australie.

"Je n’étais pas dans mon monde. Je passais du mec qui est 300e mondial, à qui on donnerait presque un petit morceau de pain pour manger, au gars qui est là, devant 15.000 personnes qui crient son nom  !", se remémorera des années plus tard le Français, comparé par la presse australienne au boxeur Mohammed Ali pour sa gestuelle, sa manière de s'encourager et une certaine ressemblance physique.

Le Français Jo-Wilfried Tsonga au filet face à l'Espagnol Rafael Nadal, lors de leur demi-finale à l'Open d'Australie, le 24 janvier 2008 à Melbourne

N'empêche que le petit Frenchy, fils d'un ancien handballeur d'origine congolaise et d'une mère enseignante, a marqué les esprits: il a éliminé Andy Murray (9e) mais surtout Rafael Nadal, N.2 mondial et alors triple vainqueur de Roland-Garros, balayé en trois sets en demi-finale.

Seul Novak Djokovic l'arrête. Mais qu'importe cette finale perdue: le tennis français tient son nouveau Mousquetaire !

Le Serbe Novak Djokovic, vainqueur de l'Open d'Australie pose à côté du Français Jo-Wilfried Tsonga, après sa victoire en finale, 4-6. 6-4. 6-3. 7-6, le 27 janvier 2008 à Melbourne

Armé de son service et de son coup droit ravageurs, Tsonga enchaîne en remportant son premier titre à Bangkok, puis son premier Masters 1000, à Bercy. Fin 2008, il est 6e mondial.

Colosse aux pieds d'argile

Mais l'ombre des blessures rôde. Ce printemps-là, le colosse (1,88 m, 91 kg) s'est fait opérer du genou, restant éloigné des courts plusieurs mois.

Un scénario qui le poursuivra pendant toute une carrière qui avait failli ne jamais débuter, à cause de multiples pépins physiques dès ses années de junior.

Le Français Jo-Wilfried Tsonga, blessé au genou gauche, reçoit des soins de la part d'un kiné, avant d'abandonner au début du 3e set face au Serbe Novak Djokovic, en quart de finale de l'US Open, le 6 septembre 2016 à New York

En 2010, une déchirure abdominale le prive de Roland-Garros et un genou douloureux de la finale de Coupe Davis perdue en Serbie.

Suivront des blessures au tendon rotulien (2013), à l'avant-bras (2015), aux adducteurs (2016) ou encore aux ischios (2018). A chaque fois, Tsonga revient.

"Danse des pouces"

En 2011, il est demi-finaliste à Wimbledon, après un quart spectaculaire remporté face à Federer. S'ensuivent une finale à Bercy et au Masters.

L'année suivante, c'est le retour de la "danse des pouces" avec laquelle il célèbre ses victoires: il se hisse jusqu'en quarts à Roland-Garros, devenant le premier Français de l'ère Open à atteindre ce niveau dans les quatre "Majeurs". Il accède ensuite au dernier carré à Wimbledon et termine l'année 5e mondial, son meilleur classement. En tout, Tsonga aura passé 260 semaines dans le Top 10.

Mais son grand regret restera sans doute la demi-finale perdue à Roland-Garros 2013. Trente ans après Noah, l'histoire lui tend les bras. Après avoir maîtrisé Federer, alors 3e mondial, en quarts, David Ferrer semble à sa portée. Mais, paralysé par l'enjeu, Tsonga manque son grand rendez-vous.

La joie du Français Jo-Wilfried Tsonga, après sa victoie face au Suisse Roger Federer en quart de finale du tournoi de Roland-Garros, le 4 juin 2013

Après le match, "j'avais envie de tout casser, de me mutiler", déclarera-t-il, frustré de n'avoir pu montrer son meilleur niveau devant "son" public. Car, au-delà de son palmarès, riche d'un autre Masters 1000 à Toronto en 2014, Tsonga restera, avec Gaël Monfils, l'un des chouchous des fans tricolores.

La joie du Français Jo-Wilfried Tsonga, après avoir battu en finale le Suisse Roger Federer, 7-5, 7-6, lors du Masters 1000 de Toronto, le 10 août 2014

"En France, le public a toujours été extrêmement bienveillant à mon égard (...) C’est une source de motivation très puissante. La moindre des choses, c’est de lui rendre ce soutien, de l’honorer en mouillant le maillot".

Membre fondateur de la All In Tennis Academy, une nouvelle structure française de formation, Tsonga, marié et père d'un petit garçon, souhaite désormais "aider le tennis français".

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